La perte de la sensation gustative chez les personnes atteintes de sclérose en plaques
Une nouvelle étude menée aux États-Unis a permis d’évaluer la sensation gustative chez des personnes atteintes de SP et a révélé qu’une forte proportion d’entre elles avaient de la difficulté à reconnaître et à distinguer différents goûts (Doty et coll. J Neurol 2016; publié en ligne le 25 janvier 2016). La difficulté la plus fréquente consistait à détecter le goût salé – qui touchait une personne sur trois – et elle était suivie par celle qui consistait à détecter le goût sucré, le goût aigre et la caféine.
Le goût est une sensation complexe. Le goût est influencé par notre sens de l’odorat et par les plaisirs concurrents procurés par les autres goûts (Stevens et Cain. Crit Rev Food Sci Nutr 1993;33:27-37). La complexité de la substance que l’on goûte constitue aussi un facteur : détecter le sucre dans l’eau est plus facile que de détecter le sucre dans les aliments (ce qui explique la teneur élevée en sucre des aliments préparés).
Détecter et distinguer les goûts met à contribution les papilles gustatives, les nerfs du visage (principalement le nerf facial et le nerf glosso-pharyngien) ainsi que le thalamus, le tronc cérébral et d’autres structures du système nerveux central (Heckmann et Lang. Adv Otorhinolaryngol 2006;63:255-264). Dans l’étude menée aux États-Unis, l’altération du goût était en corrélation avec le nombre de lésions cérébrales visibles sur les clichés d’IRM, qui perturbaient le traitement de l’information gustative. De même, des cas d’altération du goût (et de l’odorat) ont été signalés pendant une poussée de SP (Benatru et coll. Rev Neurol [Paris] 2003;159:287-292).
En règle générale, les femmes atteintes de SP semblent « avoir plus de goût » que les hommes : leur sens du goût est généralement moins altéré (Doty 2016). Cela concorde avec d’autres études sur le goût menées auprès de personnes atteintes de SP qui ont révélé que les femmes perçoivent habituellement certains goûts (comme le goût aigre ou la caféine) plus intensément que les hommes (Hyde et Feller. Neurobiol Aging 1981;2:315-318).
Si vous trouvez que les aliments ont moins de goût, il y a deux ou trois choses que vous pouvez faire pour accroître vos sensations gustatives. Ajouter un condiment (plutôt que du sel) peut améliorer le goût des aliments. Cesser de fumer vous aidera, car la cigarette tend à masquer les saveurs plus subtiles. Vous brosser la langue lorsque vous vous brossez les dents peut aussi vous aider. Les médicaments pour traiter la SP ou un cycle de traitement par corticostéroïdes diminueront l’inflammation qui se produit dans le cerveau durant une poussée, et votre sensation gustative pourrait s’accroître avec l’atténuation des symptômes de la poussée.
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