Nouveaux renseignements sur les traitements administrés par voie orale contre la sclérose en plaques
Trente et unième congrès de l’ECTRIMS (European Committee for Treatment and Research in MS) – Barcelone, Espagne, du 7 au 10 octobre 2015 – Trois médicaments administrés par voie orale sont maintenant disponibles pour traiter la sclérose en plaques, et de nombreux chercheurs se sont penchés sur leur efficacité et leur innocuité. Voici un résumé de quelques-unes des études présentées au congrès 2015 de l’ECTRIM.
Aubagio : Une bonne proportion des personnes qui prennent Aubagio peuvent s’attendre à n’avoir aucune poussée, aucune nouvelle activité inflammatoire à l’IRM et à ne connaître aucune progression de l’incapacité, selon les résultats de deux analyses. Une fois les six premiers mois du traitement écoulés (après quoi le médicament est pleinement efficace), aucune activité notable de la maladie n’a été observée dans les 18 mois suivants chez environ 28 % des personnes prenant Aubagio (Chan et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé 1037). À long terme, environ 40 % des personnes prenant Aubagio n’ont eu aucune poussée, n’ont pas vu leur incapacité s’aggraver ou n’ont présenté aucune activité de la maladie à l’IRM (Wolinsky et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé P1047).
Comment savoir si vous répondez au traitement? Une façon de le savoir est de compter le nombre de poussées et de lésions visibles à l’IRM (appelé score de Rio) (Sormani et ses collaborateurs. Mult Scler 2013;19:605-612). Comme on peut s’y attendre, les personnes qui présentent peu de lésions et qui n’ont aucune poussée – deux caractéristiques qui indiquent que l’activité de la maladie est bien inhibée – s’en tirent mieux sur le plan de l’incapacité à long terme. Cette mesure de la réponse au traitement permet d’estimer à 79 % le pourcentage de personnes commençant un traitement par Aubagio qui répondront au médicament (Sormani et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé P1131). Les personnes qui répondaient au traitement étaient plus susceptibles de ne présenter aucune incapacité, un effet devenu apparent dans les premiers mois suivant le début du traitement et toujours apparent 5 à 6 ans plus tard.
Une inquiétude que peuvent avoir les personnes qui prennent Aubagio est celle de voir leurs cheveux se raréfier, un effet indésirable qui touche environ 8 % d’entre elles (Freedman et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé EP1460). Dans une étude menée dans neuf centres de SP aux États-Unis, on a constaté que lorsqu’une raréfaction des cheveux survenait, elle commençait habituellement de 2 à 3 mois après le début de la prise d’Aubagio (Travis et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé P1113). Le problème était léger dans la majorité des cas et la chute des cheveux n’était pas permanente. Les cheveux repousseront au début du prochain cycle naturel des cheveux. L’étude a permis de constater qu’à la visite de suivi, environ 80 % des personnes ont dit que le problème s’était grandement amélioré ou qu’il avait disparu. Seulement quelques personnes ont cessé ou interrompu le traitement parce que leurs cheveux se raréfiaient.
Tecfidera : Dans une étude à long terme (appelée ENDORSE) menée auprès de participants aux essais cliniques sur Tecfidera, on a rapporté que les taux de poussées restaient très faibles sur une période de traitement de six ans (Hutchinson et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé P543). Les taux d’incapacité étaient stables de la 3e à la 5e année, et la plupart des participants ne présentaient aucune nouvelle lésion inflammatoire visible à l’IRM (Arnold et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé 566).
La leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP), une infection du cerveau potentiellement mortelle, est un problème qui a fait son apparition au cours de la dernière année chez les patients traités par Tecfidera. La LEMP a accablé les utilisateurs de Tysabri (environ 600 cas jusqu’à ce jour, dont plus de 100 morts) mais, heureusement, le risque de LEMP semble beaucoup plus faible chez les patients qui prennent Tecfidera. Il existe une théorie selon laquelle une diminution persistante du nombre de globules blancs serait associée au risque de LEMP; les lymphocytes, un type de globules blancs qui protègent contre l’infection, sont particulièrement importants. Dans les essais cliniques sur Tecfidera, environ 7 % des personnes ont connu un grave problème de faible numération des globules blancs (Fox et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé P606), qui est généralement prise en charge en diminuant la dose du médicament ou en cessant carrément le traitement. Plusieurs centres de SP aux États-Unis et en Écosse ont fait état de leur expérience concernant Tecfidera et la numération des globules blancs et des lymphocytes. En général, il semble que le problème soit un peu plus fréquent dans le monde réel que dans le monde des essais cliniques puisque environ de 6 à 13 % des personnes présentaient une diminution persistante du nombre de globules sanguins (Romba et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé P1130; Smoot et ses collaborateurs. Résumé P610; MacDougall et ses collaborateurs. Résumé P624). Les personnes chez qui ce problème risque le plus d’apparaître sont habituellement les personnes âgées, celles aux prises avec une grande incapacité et celles dont le nombre de globules blancs est faible avant le début du traitement.
Gilenya : Une diminution du nombre de lymphocytes est également observée chez les patients qui prennent Gilenya, mais la situation est un peu différente car c’est la façon habituelle dont ce médicament agit chez les patients atteints de SP. Gilenya séquestre les lymphocytes dans les ganglions lymphatiques pour les empêcher de circuler librement et de causer une inflammation dans le cerveau. On croit que la diminution du nombre de lymphocytes serait associée au risque de LEMP chez les patients qui prennent Gilenya (trois cas ont été signalés jusqu’à maintenant), mais on n’en ait pas certain. En fait, d’après une analyse d’innocuité à long terme menée chez des personnes ayant pris Gilenya pendant une période allant jusqu’à sept ans, la diminution du nombre de globules blancs ne semblait pas associée à un risque accru de tout genre d’infections (Cohen et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé P591). Par conséquent, cette question devra faire l’objet d’autres études. Comme c’est le cas chez les patients recevant Tecfidera, il semble que le risque de LEMP chez les patients prenant Gilenya soit très faible.
La diminution du nombre de lymphocytes demeure quand même préoccupante pour certaines personnes. C’est pour cette raison que, dans une étude de petite envergure menée en Italie, les investigateurs se sont demandé si le fait de prendre Gilenya tous les deux jours (plutôt que tous les jours) avait moins d’incidence sur le nombre de globules sanguins (Merlini et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé P1183). Ce fut effectivement le cas, mais une personne sur quatre a eu une poussée, ce qui indique que la dose plus faible ne maîtrisait pas aussi efficacement la SP. Ce résultat souligne l’importance de prendre Gilenya tous les jours.
Les personnes qui entreprennent un traitement par Gilenya en paraissent satisfaites, si l’on en juge par le nombre de celles qui continuent de prendre le médicament. Parmi les personnes inscrites au programme de soutien aux patients de Gilenya au Canada, environ 77 % prenaient toujours le médicament deux ans plus tard (Lapierre et ses collaborateurs. ECTRIMS 2015; résumé P529). Ce résultat se compare favorablement à celui observé dans le cas des médicaments injectables (interférons et Copaxone) : une étude menée en Ontario a permis de constater qu’une majorité de personnes cessait le traitement après 2 à 3 ans (Wong et ses collaborateurs. Can J Ne).
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