June 4, 2015 | News | En français

Gérer l’effet Tec

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Tecfidera (fumarate de diméthyle ou FDM) est l’une des options les plus populaires chez les personnes qui commencent un traitement. Deux études cliniques d’envergure ont montré qu’il était efficace pour réduire la fréquence des poussées et atténuer l’inflammation dans le cerveau et la progression de l’incapacité (Gold et ses collaborateurs. N Engl J Med 2012;367:1098-1107; Fox et ses collaborateurs. N Engl J Med 2012;367:1087-1097). Mais sa popularité est principalement attribuable au fait qu’il est administré par voie orale et est donc plus facile à prendre qu’un médicament injectable.

Le défi consiste à continuer à le prendre malgré ses effets secondaires. Les bouffées vasomotrices (une sensation de chaleur et de picotements) sont l’effet indésirable le plus courant, il touche plus du tiers des personnes qui prennent le médicament (Gold 2012). Cet effet a tendance à diminuer au fil du temps, mais il peut persister chez environ un quart des patients (résumé de la FDA, 11 février 2013). Certaines études ont montré que les bouffées vasomotrices sont peut-être encore plus fréquentes : un centre spécialisé en SP au États-Unis a révélé que 57 % des patients avait eu des bouffées vasomotrices pendant le premier mois de traitement par Tecfidera et que cette proportion s’élevait à 71 % après neuf mois de traitement (Chaves et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P3.241).

Les effets secondaires de nature digestive, comme les nausées et vomissements, la diarrhée et les douleurs gastriques, sont un autre problème courant, ils touchent près de 40 % des patients admis dans les études (Phillips et ses collaborateurs. Mult Scler Relat Disord 2014;3:513-519). Encore une fois, en situation réelle, une majorité de patients manifesteront peut-être ce problème, mais il semble s’atténuer avec le temps si le traitement est poursuivi (Chaves 2015).

La question est de savoir si le patient peut supporter les effets secondaires assez longtemps pour obtenir les bienfaits du traitement. Dans les études sur Tecfidera, près du tiers des participants ont abandonné (pour diverses raisons) avant la fin de la période de deux ans. On observe la même chose en situation réelle. Un centre américain spécialisé en SP a rapporté que 25 % des patients traités par Tecfidera abandonnait le traitement pendant la première année, principalement en raison des effets secondaires (Vollmer et collaborateurs. AAN 2015; résumé P3.244). Ce taux d’abandon est de 3 à 4 fois plus élevé que celui rapporté dans les études cliniques (de 12 à 16 % sur une période de 2 ans) (Gold 2012; Fox 2012).

Alors, peut-on faire quelque chose pour réduire le plus possible cet effet Tec caractérisé par des bouffées vasomotrices et des symptômes digestifs?

Une stratégie souvent recommandée pour diminuer les bouffées vasomotrices consiste à prendre une dose d’aspirine (AAS) environ 30 minutes avant de prendre Tecfidera. Une étude de deux mois menée chez des personnes en santé a montré que cette stratégie était efficace (O’Gorman et collaborateurs. Clin Ther 2015; publié en ligne le 18 mai 2015). La fréquence et la gravité des bouffées vasomotrices étaient moindres et la dose d’aspirine ne semble pas avoir entraînée de dérangements d’estomac. Une autre étude a également rapporté que l’aspirine aidait (Sheikh et ses collaborateurs. Clin Ther 2013;35:1582-1594).

Toutefois, il est important de noter que l’aspirine peut avoir des effets nuisibles pour l’estomac et le foie. Tecfidera peut aussi entraîner des troubles hépatiques, donc la prise concomitante n’est pas une bonne stratégie à long terme. Parlez à votre médecin pour connaître la dose d’aspirine à prendre et pour savoir pendant combien de temps il est sûr de la prendre avec Tecfidera. Une approche plus simple consiste à prendre Tecfidera avec de la nourriture – une dose au déjeuner et une au souper. La prise de nourriture ne modifie pas l’efficacité du médicament.

La deuxième stratégie vise à réduire au minimum les effets digestifs. Au début du traitement par Tecfidera, l’ajustement posologique est recommandé, c.-à-d. qu’il faut commencer avec une dose faible, puis augmenter graduellement la dose afin que votre organisme puisse s’adapter. La monographie de produit recommande de commencer avec une dose de 120 mg (la capsule verte et blanche) deux fois par jour. Après une semaine, la dose doit être augmentée à 240 mg (la capsule verte et verte) deux fois par jour. Certains médecins recommandent un ajustement posologique encore plus long, de sorte que la dose efficace (240 mg deux fois par jour) n’est atteinte qu’après 3 à 4 semaines de traitement (Nazareth et ses collaborateurs. ECTRIMS 2014; résumé P307).

Dans l’étude de O’Gorman citée précédemment, un ajustement posologique sur une longue période a été utilisé : 120 mg une fois par jour pendant la première semaine, 120 mg deux fois par jour pendant la deuxième semaine, 240 mg le matin et 120 mg le soir pendant la troisième semaine et 240 mg deux fois par jour pendant la quatrième semaine. Malheureusement, augmenter très graduellement la dose n’a pas aidé à réduire les dérangements digestifs (ni les bouffées vasomotrices).

L’ajustement posologique occasionne quelques inconvénients. Les ajustements posologiques complexes peuvent entraîner de la confusion et peuvent donner l’impression qu’il est acceptable de modifier la dose. Mais il est important de se rappeler qu’une faible dose de Tecfidera aura peu d’effet sur votre SP (Kappos et ses collaborateurs. Lancet 2008;372:1463-1472). Il est donc préférable de ne pas prendre une faible  dose pendant une période plus longue que celle recommandée par votre médecin. La dose complète est nécessaire et toute dose inférieure est probablement une perte de temps et d’argent.

La prise de Pepto-Bismol avant de prendre la dose de Tecfidera peut procurer un certain soulagement des dérangements gastriques, mais les bienfaits sont relatifs. Dans l’étude PREVENT, la prise de Pepto-Bismol n’a pas empêché les ballonnements, mais les nausées et les dérangements d’estomac étaient un peu moins fréquents (Tornatore et ses collaborateurs. ECTRIMS 2014; résumé P052). La prise de Pepto-Bismol a tout de même réduit la fréquence de la diarrhée et des flatulences, et moins de patients ont décrit leurs symptômes comme étant graves. D’autres médicaments peuvent être utilisés pour prendre en charge l’effet Tec (Phillips 2014), mais il n’a pas encore été établi que ces stratégies sont efficaces pour soulager les bouffées vasomotrices et les dérangements d’estomac attribuables à Tecfidera.

Pour la plupart des personnes, les effets secondaires comme les bouffées vasomotrices et les dérangements d’estomac ne sont pas graves d’un point de vue médical, mais ils peuvent nuire à vos chances de poursuivre le traitement s’ils vous empêchent de prendre votre médicament. Si votre traitement contre la SP semble pire à supporter que vos symptômes de SP et que vous ne pouvez pas composer avec les effets secondaires qu’il cause, parlez-en à votre neurologue ou votre infirmière spécialisée en SP. Ils pourront peut-être vous proposer des solutions pour atténuer les symptômes ou vous recommander un médicament qui sera plus facile à prendre.


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