March 19, 2015 | News | En français

Est-ce que la vaccination est efficace chez les personnes atteintes de SP? – 2e partie

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Dans la première partie, nous avons discuté de l’innocuité de différents vaccins chez les personnes atteintes de SP. Dans cet article, nous aborderons les effets de certains médicaments contre la SP sur l’efficacité de différents vaccins.

La SP est caractérisée par une réaction immunitaire anormale au cours de laquelle le système de défense de l’organisme attaque les tissus du cerveau et de la moelle épinière. Tous les traitements de fond en SP agissent en ciblant différents aspects de cette réponse immunitaire. Or, cette même réponse immunitaire est nécessaire pour que les vaccins soient efficaces.

La vaccination consiste à introduire un antigène (une substance qui provoque la réponse d’un anticorps) provenant d’un virus ou d’une bactérie dans l’organisme pour que le système immunitaire apprenne à le reconnaître. Cela permet à la réponse immunitaire d’être plus vigoureuse s’il y a une nouvelle exposition à cet organisme pathogène. Les traitements de fond en SP atténuent la réponse immunitaire, ainsi l’une des conséquences possibles est une altération de la capacité de l’organisme à produire des anticorps en réaction au vaccin. Cela signifie que le vaccin pourrait être moins efficace ou inefficace contre cette maladie en particulier.

Les répercussions des médicaments contre la SP sur l’efficacité des vaccins sont principalement déterminées par l’action particulière du médicament. Examinons les médicaments un à un.

Les interférons (Avonex, Betaseron/Extavia, Rebif) : Ces médicaments injectables « interfèrent » avec les virus, ils ne devraient donc pas avoir d’effets sur les vaccins antiviraux (p. ex. grippe, zona, etc.). De fait, plusieurs études ont montré que les interférons n’altèrent pas la réponse immunitaire au vaccin contre la grippe (Mehling et ses collaborateurs. PLoS One 2013;8:e78532; Schwid et ses collaborateurs. Neurology 2005;65:1964-1966). Plus précisément, une étude a montré que les interférons n’interféraient pas avec le vaccin contre la grippe H1N1 (Olberg et ses collaborateurs. Mult Scler 2014;20:1074-1080).

Copaxone : Ce médicament injectable favorise une modification de la réponse immunitaire en faveur d’un profil moins inflammatoire. Les vaccins antiviraux risquent donc d’être moins efficaces (Pellegrino et ses collaborateurs. Vaccine 2014;32:4730-4735). En général, les effets de Copaxone sur les vaccins n’ont pas fait l’objet d’études adéquates. Dans une étude sur la vaccination contre le virus de la grippe H1N1, seulement 1 personne sur 5 a obtenu une protection suffisante (Olberg 2014). Ainsi, il pourrait être nécessaire d’administrer plus d’une dose de vaccin.

Aubagio : Ce médicament administré par voie orale bloque la prolifération des lymphocytes T activés, mais ne diminue généralement pas le nombre de cellules immunitaires disponibles pour combattre une infection. L’étude TERIVA a rapporté qu’une dose de 14 mg de Aubagio ne semblait pas modifier la réponse immunitaire au vaccin saisonnier contre la grippe (Bar-Or et ses collaborateurs. Neurology 2013;81:552-558). Plus de 90 % des patients ont obtenu une réponse immunitaire au vaccin contre la grippe H1N1 et 77 % des patients ont répondu au vaccin contre la grippe H3N2. Une autre étude a montré que la réponse immunitaire au vaccin contre la rage (un nouvel antigène) était un peu plus faible que la normale, mais tous les participants ont obtenu une immunité protectrice (Bar-Or et ses collaborateurs. ECTRIMS 2013; résumé P622).

Tecfidera : Ce traitement administré par voie orale peut diminuer le nombre de cellules immunitaires disponibles pour combattre une infection, ce qui peut modifier la réponse du patient à la vaccination. Toutefois, aucune étude n’a été menée à ce sujet et on ignore l’efficacité des vaccins administrés pendant ce traitement.

Gilenya : Ce traitement administré par voie orale diminue le nombre de cellules immunitaires dans la circulation en en emprisonnant une partie dans les ganglions lymphatiques (Mehling et ses collaborateurs. Neurology 2008;71:1261-1267). Les autres cellules immunitaires (appelées cellules T mémoire effectrices) restent disponibles pour combattre les infections. Les personnes sous traitement par Gilenya ont une moins bonne réponse immunitaire au vaccin contre la grippe saisonnière et aux doses de rappel (comme dans le cas du vaccin contre le tétanos), mais la plupart des personnes obtiennent une réponse immunitaire suffisante au vaccin (Kappos et ses collaborateurs. Neurology 2015; publié en ligne le 30 janvier 2015).

Tysabri : Ce médicament administré par perfusion intraveineuse, plutôt que de moduler la réponse immunitaire, agit principalement en empêchant les cellules immunitaires activées d’entrer dans le système nerveux central. Toutefois, Tysabri altère la réponse immunitaire au vaccin. Une deuxième vaccination peut donc être nécessaire (Olberg 2014). Une autre étude a montré que Tysabri n’altère pas la réponse immunitaire à une dose de rappel du vaccin contre le tétanos (Kaufman et ses collaborateurs. J Neurol Sci 2014;341:22-27).

Lemtrada : Ce médicament administré par perfusion intraveineuse diminue le nombre de cellules immunitaires dans la circulation. Il peut donc altérer la réponse immunitaire à un vaccin. Toutefois, une étude pilote de petite envergure a montré que les patients pouvaient obtenir une réponse immunitaire à deux vaccins bactériens (contre la pneumonie et la méningite) et à la dose de rappel du vaccin dT-Polio (tétanos, diphtérie et poliomyélite) (McCarthy et ses collaborateurs. Neurology 2013;81:872-876). L’étude a montré que la réponse au vaccin pouvait être altérée si le patient était vacciné dans les deux premiers mois suivants l’administration de Lemtrada.

Les corticostéroïdes : Ces médicaments, utilisés pour traiter les poussées aiguës, inhibent le système immunitaire. Ils sont donc susceptibles de réduire la réponse immunitaire au vaccin. Les répercussions des corticostéroïdes administrés par voie orale ou par intraveineuse sur la réponse au vaccin n’a pas fait l’objet d’études dans le contexte de la SP.

Avant de commencer un traitement de fond en SP, il est généralement conseillé d’obtenir tous les rappels de vaccin que vous remettiez à plus tard et de demander à votre médecin s’il existe d’autres vaccins que vous devriez recevoir (comme les vaccins contre les hépatites A et B). Il ne faut pas recevoir de vaccins vivants atténués quand vous recevez un traitement contre la SP – car ils peuvent aggraver vos symptômes de SP et, dans de rares cas, vous faire contracter la maladie que vous tentez de prévenir.


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