May 14, 2015 | News | En français

Dernières nouvelles sur les traitements de la SP – administrés par injection ou par perfusion

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AAN 2015 – Partie 4

67e congrès annuel de la American Academy of Neurology
Washington, DC, du 18 au 25 avril 2015

La partie 3 résumait les nouvelles études portant sur les traitements de fond en  SP administrés par voie orale. Dans le présent numéro, nous examinerons les médicaments administrés par injection ou par perfusion intraveineuse.

Tysabri : Des préoccupations sur la possibilité que la dose de Tysabri soit trop élevée ont mené à la conception de protocoles d’étude où le médicament était administré moins souvent que toutes les quatre semaines. Une exposition plus faible au médicament pourrait diminuer le risque de contracter la leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP), une infection cérébrale souvent fatale associée à l’utilisation de Tysabri. Une nouvelle étude a montré que l’administration de Tysabri toutes les 8 semaines était aussi efficace que le schéma posologique mensuel (Zhovtis Ryerson et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P3.267). Des résultats comparables ont été obtenus dans une autre étude au cours de laquelle Tysabri était administré toutes les 6 semaines (Foley et ses collaborateurs. AAN 2015; résumés P3.258 et P4.032). Chez les personnes qui doivent arrêter le traitement par Tysabri, diminuer progressivement la dose sur une période de quatre mois peut réduire le risque de poussées qui surviennent parfois  lorsque le traitement est interrompu (Weinstock-Guttman et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P3.287).

Lemtrada : Deux études cliniques (CARE-MS I et II) ont montré que Lemtrada était plus efficace que Rebif pour diminuer la fréquence des poussées et l’activité observable à l’imagerie par résonance magnétique (IRM), et pour ralentir la progression de l’incapacité sur une période de deux ans (Cohen et ses collaborateurs. Lancet 2012;380:1819-1828; Coles et ses collaborateurs. Lancet 2012;380:1829-1839). Les résultats des études après trois et quatre ans ont été rapportés l’an dernier (voir l’article intitulé ACTRIMS/ECTRIMS 2014 – Part 2. MSology, 18 septembre 2014).

Dans l’étude de prolongation CARE-MS I (menée chez des patients n’ayant jamais reçu de traitement de fond en SP), 73 % des patients ont reçu deux cycles de traitement pendant les deux premières années de l’étude et n’ont pas eu besoin de recevoir un autre cycle de traitement par la suite (Compston et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé S4.007). Le taux de poussées est demeuré faible après 4 ans (moyenne de 0,21/année). Dans l’ensemble, le paramètre de l’incapacité est généralement demeuré stable et 30 % des patients ont présenté moins d’incapacité. Pendant la quatrième année du traitement, 70 % des patients n’avaient pas d’activité inflammatoire visible à l’IRM (Arnold et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.246). Les infections étaient courantes, mais elles étaient généralement bénignes et devenaient un peu plus rares au fil du temps (46 % la quatrième année) (Jung Henson et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.265).

Dans l’étude de prolongation CARE-MS II (menée chez des patients qui avaient déjà reçu des traitements de fond en SP), 68 % des patients n’ont pas eu besoin de recevoir un autre cycle de traitement après les deux premiers (Havrdova et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.276). Le taux de poussées est demeuré faible (0,23) à l’an 4. Pendant les quatre premières années, 76 % des patients n’ont présenté aucune progression de leur incapacité; près de 40 % des patients ont obtenu une diminution de leur score d’incapacité. Dans le groupe de patients qui sont passés de Rebif à Lemtrada, le taux de poussées a diminué de 71 % et 15 % des patients ont obtenu une diminution de leur score d’incapacité (Fox et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.278).

Daclizumab : Ce nouveau médicament en phase d’élaboration est un anticorps monoclonal qui bloque l’activation des cellules immunitaires (lymphocytes T). Il est administré par injection sous-cutanée (administrée sous la peau) toutes les quatre semaines. L’étude DECIDE a comparé le daclizumab à Avonex auprès de 1 841 patients atteints de SP (Kappos et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé S4.003). Le daclizumab s’est révélé supérieur à Avonex en ce qui concerne la diminution du nombre de nouvelles lésions visibles à l’IRM après 96 semaines de traitement, mais les deux médicaments n’étaient pas significativement différents pour ralentir la progression de l’incapacité. La survenue d’effets secondaires graves (15 % vs 10 %) et l’arrêt du traitement en raison d’effets secondaires (14 % vs 9 %) étaient plus courants dans le cas du daclizumab que dans le cas d’Avonex (Selmaj et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.230). Le problème le plus courant avec le daclizumab était les infections des voies respiratoires supérieures, tandis qu’un syndrome grippal était plus souvent signalé avec Avonex.

L’étude DECIDE est la deuxième de deux études de grande envergure sur le daclizumab. La première étude, SELECT, a comparé le médicament à un placebo pendant un an (Gold et ses collaborateurs. Lancet 2013;381:2167-2175) (voir l’article intitulé New results for two novel therapies, MSology, 7 août 2014.). Il y a eu une prolongation d’un an de cette étude, nommée SELECTION. Les patients qui terminaient l’étude SELECTION pouvaient ensuite être admis à l’étude SELECTED, une étude de suivi à long terme. Environ 30 % des patients inscrits dans l’étude de départ ont abandonné avant d’entrer dans l’étude SELECTED, ce qui laisse prévoir que les futurs résultats seront excessivement présélectionnés. Les effets du traitement semblent persister pendant 3 ans (Radue et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.226). Cependant, 23 % des patients ont abandonné l’étude ou cessé le traitement après une période médiane de 25 mois en raison des effets secondaires (Gold et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.225). Les infections (50 %) et les réactions cutanées (26 %) sont courantes, mais des infections (3%) ou des problèmes cutanés (2 %) graves n’ont pas été fréquemment signalés. Une préoccupation possible concernant le daclizumab est que 1 % des patients ont présenté des symptômes évoquant une colite, laquelle peut être associée aux effets du médicament sur la réponse immunitaire. Cette question devra être étudiée de façon plus approfondie.

Des études à surveiller :

  • TOPAZ, une étude de suivi menée auprès de patients traités par Lemtrada pour examiner l’efficacité et l’innocuité à long terme du traitement (Brinar et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.219).
  • TREAT-MS, une étude qui examine les répercussions de Lemtrada sur la qualité de vie et l’employabilité des patients (Engelmann et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.281).
  • OPERA I et II, deux études menées sur l’ocrélizumab (un traitement expérimental ciblant les lymphocytes B) pour traiter la SP rémittente. Le médicament est administré par perfusion intraveineuse tous les six mois (Hauser et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.201). L’ocrélizumab sera comparé à Rebif.
  • ORATORIO, nouvelle étude de phase III menée sur l’ocrélizumab chez des patients atteints de SP progressive primaire (Montalban et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.017)
  • SYNERGY, une étude qui examine si le médicament expérimental BIIB033 peut favoriser la remyélinisation des fibres nerveuses endommagées (Cadavid et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.204). Le médicament bloque une protéine (appelée LINGO-1) qui empêche la formation de nouvelle myéline. BIIB033 est administré par injection toutes les quatre semaines et sera utilisé en association avec Avonex.
  • SPRINT-MS, une étude de phase II menée sur l’ibudilast pour le traitement de la SP progressive primaire et secondaire (Fox et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.214). L’ibudilast pourrait réduire l’activation des cellules immunitaires dans le cerveau. Une étude de phase II antérieure a montré que l’ibudilast ne diminuait pas les lésions inflammatoires, mais qu’il semblait ralentir l’atrophie du tissu cérébral (Barkhof et ses collaborateurs. Neurology 2010;74:1033-1040).

 


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