Dernières nouvelles sur les traitements de la SP
AAN 2015 – Partie 3
67e congrès annuel de la American Academy of Neurology
Washington, DC, du 18 au 25 avril 2015
Voici un résumé des nouvelles études sur les médicaments contre la SP administrés par voie orale présentées au congrès de la AAN en 2015. Dans le prochain numéro, nous examinerons les médicaments administrés par injection ou par perfusion.
Gilenya : Un nouveau point de référence pour déterminer l’efficacité d’un traitement est l’absence de signes d’activité de la maladie (NEDA). Cela signifie qu’un patient n’a pas de poussée, pas de nouvelle activité inflammatoire visible à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et pas de progression à court terme de l’incapacité physique. Environ un tiers des patients peuvent obtenir une absence de signes d’activité de la maladie au cours des deux premières années de traitement par l’un des médicaments les plus puissants contre la SP (Gilenya, Tysabri et Lemtrada). Un autre facteur qui permet de prédire l’évolution de la maladie à long terme chez une personne atteinte de la SP est le taux d’atrophie cérébrale (perte de volume cérébral), qui reflète peut-être la perte de tissus causée par l’inflammation. Cela a entraîné l’utilisation d’une nouvelle mesure de l’effet du traitement appelée NEDA-4 (pour NEDA + atrophie cérébrale). Comme le vieillissement amène une atrophie cérébrale dans l’ensemble de la population, on a utilisé une valeur seuil d’environ deux fois le taux d’atrophie observé chez les adultes qui ne sont pas atteints de SP.
Une analyse des données recueillies chez les patients de l’étude TRANSFORMS d’une durée d’un an, qui comparait Gilenya à Avonex, a montré que la probabilité que les patients prenant Gilenya obtiennent un NEDA-4 était environ le double de celle qui était observée chez ceux qui prenaient Avonex (Montalban et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P4.001). Dans l’ensemble, environ 28 % des patients sous Gilenya ont obtenu un NEDA-4 comparativement à 17 % des patients sous Avonex.
Aubagio : Deux études de grande envergure (TEMSO et TOWER) ont comparé l’efficacité de Aubagio contre un placebo chez des personnes atteintes de SP pendant une période allant jusqu’à 3 ans. Une analyse des données regroupées a montré que Aubagio à 14 mg/jour a diminué le nombre de poussées suffisamment graves pour nécessiter une hospitalisation d’environ 60 % (Macdonell et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.212). Une analyse des données regroupées sur l’innocuité a montré que les effets secondaires les plus courants étaient la perte de cheveux, la diarrhée et une hausse des enzymes hépatiques (Leist et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.268). La plupart des effets secondaires étaient d’intensité légère à modérée et disparaissaient d’eux-mêmes. Le taux d’infections graves était faible et comparable à celui observé chez les patients recevant le placebo. Dans l’ensemble, 12,5 % des patients ont cessé le traitement en raison des effets secondaires (vs 7,5 % des patients recevant le placebo). Une analyse distincte, qui comprenait des données de l’étude TOPIC menée auprès de patients ayant présenté un syndrome clinique isolé (« pré-SP »), a également montré que Aubagio pouvait retarder la survenue d’une première poussée de 6 à 10 mois (Honeycutt et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7279).
Tecfidera : Aucun effet indésirable nouveau ou inattendu n’a été observé dans l’étude de prolongation à long terme (appelée ENDORSE) de deux études de phase III menées sur Tecfidera (Pozzilli et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.235). Moins de 4 % des patients ont contracté des infections graves. Toutefois, une proportion élevée de patients (de 14 à 26 %) qui sont passés d’un placebo ou de Copaxone à Tecfidera ont abandonné le traitement en raison des effets secondaires. Des études cliniques unicentriques ont rapporté que de 4 à 18 % des patients ont cessé Tecfidera dans la première année en raison des effets secondaires (Aboab et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P3.271; Smoot et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P3.269).
Une analyse intégrée des données a montré que le taux annualisé de poussées est demeuré faible (0,12 à 0,19) au cours des cinq premières années de traitement (Bar-Or et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.229). Le risque de progression de l’incapacité est également demeuré faible (Bar-Or et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.234). Une analyse distincte de l’étude ENDORSE a montré que la plupart des personnes traitées par Tecfidera (de 69 à 77 %) rapportaient des améliorations ou une stabilisation de leur fonctionnement physique et mental (Kita et ses collaborateurs. AAN 2015; résumé P7.236).
Une nouvelle problématique est l’impact du traitement sur le nombre de globules blancs dans le sang. Seulement 4 % des patients ont eu un faible nombre de globules blancs dans l’étude DEFINE et cet effet n’a pas semblé augmenter leur risque de contracter des infections (Gold et ses collaborateurs. N Engl J Med 2012;367:1098-1107). Toutefois, il est possible qu’une baisse persistante du taux de globules blancs puisse avoir contribué à la survenue du cas de LEMP (leucoencéphalopathie multifocale progressive) signalé sous Tecfidera; la même problématique d’immunosuppression chronique a été soulevée à la suite du cas de LEMP signalé sous Gilenya. Après avoir examiné des dossiers de patients dans un centre spécialisé en SP, un groupe de chercheurs a découvert que près du quart des patients traités par Tecfidera pendant un an ou plus avaient une baisse persistante du nombre de globules blancs (Longbrake et Cross. AAN 2015; résumé P3.240). Il reste à voir si la baisse du nombre de globules blancs joue un rôle important dans le risque de survenue de la LEMP.
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